Manifestation organisée tous les 2 ans
par l'Association des Psychologues de l'Éducation Nationale de la Vienne (ADPEN-86)
en partenariat avec l'Université de Poitiers

La mort en pratique : une mise en mots à initier à l’école pour lui redonner une juste place dans les familles et la société

Marie-Frédérique BACQUÉ

juin 2006
Professeur de psychopathologie clinique à l’Université Louis-Pasteur de Strasbourg- 12, rue Goethe, 67000 Strasbourg
Rédactrice en chef de Études sur la mort
Vice-présidente de la Société de Thanatologie
Revue de la Société de Thanatologie
Administrateur de la société française de psycho-oncologie
Rédactrice en chef de Revue Francophone de Psycho-oncologie




Rencontres Poitevines de Psychologie Scolaire (6ème édition) - La mort en pratique
Intervenant(s) : Marie-Frédérique Bacqué.
Date de publication : 21/06/2006
Durée : 01h 20min 04s

La mort peut être abordée dès l’école maternelle, en classe, mais à une seule condition, que les parents soient partie prenante de cette approche et qu’ils la partagent. À défaut d’une telle implication des parents, les critiques actuelles au sujet des interventions psychologiques dans la société continueront à être injustement développées et stériliseront le travail entamé. Le refus de la mort est banal et la tentation de surprotéger les enfants en limitant l’expression de l’ambivalence parentale conduit à éviter les conflits décrits ci-dessous :
- Les sociétés occidentales se réservent largement la possibilité de dénier la mort, mais la manipule sans cesse,
- Les parents se déchargent de leur rôle d’éducateur et de pare-excitation limitant les effets traumatogènes des différentes expériences de la vie,
- En cas de deuil collectif ou individuel et surtout en cas de catastrophe, les parents, comme les enfants, appréhendent la mort de façon clivée. Nous citerons nos expériences d’intervention dans des écoles et des collèges. La mort, c’est pour les autres (pour l’école par exemple, mais cela n’entre pas dans le cadre préservé de la famille),
- Les enfants rencontrent la mort en regardant la télévision, en observant des animaux familiers, en écoutant les contes initiatiques qui font partie du répertoire classique de l’imaginaire occidental… et pourtant, leurs parents aimeraient leur épargner la souffrance consécutive au fait de se savoir mortel.
Nous proposons d’une part une large information des parents sur les représentations de la mort chez l’enfant et l’adulte. D’autre part, les enfants peuvent s’exprimer autour de la mort, par l’intermédiaire de l’écoute d’histoires et de contes symboliques. Leur expression peut passer par le dessin et le jeu pour les plus petits, par la verbalisation également. Les éducateurs devraient être formés à l’expression autour de la mort par des sessions courtes qui les sensibilisent au sujet et aux moyens pédagogiques, philosophiques et éthiques qu’ils pourraient utiliser. L’élevage en classe de petits animaux mortels constituerait un bon exemple, non seulement de la perte d’un compagnon, mais aussi de questions fondatrices comme l’amour, la préoccupation d’autrui, la protection, la défense du plus faible et bien sûr la finitude des vivants. Dans ces conditions, la mort perdra ce caractère de catastrophe absolue à éviter tout en permettant de relativiser la toute puissance de l’humanité.

PUBLICATIONS

Marie-Frédérique BACQUÉ Le deuil à vivre - 1992 Paris Odile Jacob - traductions en allemand et en grec

Marie-Frédérique BACQUÉ Deuil et santé - 1997 Paris Odile Jacob

Marie-Frédérique BACQUÉ Mourir aujourd'hui - 1997 Paris Odile Jacob

Marie-Frédérique BACQUÉ Apprivoiser la mort - 2003 Paris Odile Jacob

J Deunff (sous la dir. de, préface de M-F Bacqué) Dis maîtresse, c’est quoi la mort ? - 2000 Paris L’Harmattan.

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